« Que les riches écoutent », reprenant la formule d’ouverture du prêche contre le luxe, une injonction adressée aux riches, situe le coeur politique historique de Florence, la Piazza della Signoria dominée par la majesté du palais seigneurial, siège du pouvoir de la République florentine. De profil et monumental s’avance le lion des Médicis de la loggia dei Lanzi roulant sous sa patte une sphère rappelant les boules du blason et qu’on pourrait imaginer être Mars du nom du dieu tutélaire de la République antique. On aperçoit à une échelle disproportionnée le David de Michel Ange dont la commande prit place dans une parenthèse républicaine entre Savonarole et le retour des Médicis pour magnifier la « virtus florentina », la vertu républicaine florentine. Les ruines marquent l’emplacement de la Fontaine de Neptune destinée à célèbrer la puissance maritime des Médicis et qui fut vandalisée à plusieurs reprises au cours de l’histoire. Au centre une sphe  re gigantesque figurant une seconde planète qui pourrrait être Pluton pour cette place qui connut l’enfer des supplices et des bûchers. Ce lieu emblématique est l’arène ou s’affrontèrent les pouvoirs en lice pour le contrôle de la cité et ou coexistent symboles républicains et seigneuriaux. Sur cette place, Savonarole prêcha contre les riches « audiant opulenti » et mit en scène la destruction des richesses profanes (miroirs, tableaux, instruments de musique) converties dans ses bûchers des vanités en un amas de ruines.